L’ hymne à la liberté

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L’ hymne à la liberté par Amina, Rachid et Charef

Rachid :
J’étais là quant la terre a mis bas,
Fendue par le cimeterre
De notre élan immature,
En offrant au monde
Une hideuse créature
Qui dévala telle une fronde
Entre les cuisses de notre désinvolture ;
Et sur son passage, éclaboussa les rivages
De notre Histoire
Sombrant dans un gouffre noir
Nos rêves de verdure.

Amina :
J’étais seule, et il faisait nuit
Je pensais au temps qui fuit
En fixant le ciel, cet espace infini
Où les astres de leur lumière intense scintillent
Je sentais ma vie s’évanouir dans l’ombre du passé
Et tous mes rêves de jadis, à jamais effacés
Un air de tristesse et d’angoisse m’envahit
En pensant à tous ces êtres à qui on a volé la vie.

Charef :
Une bombe a éclaté au marché

Rachid :
J’étais là quant le ciel a vomit
Des averses rouge sang
Aux rafales plus tranchantes
Que des hallebardes,
Plus douloureuses que mille échardes ;
Et la crue inonda nos souvenirs,
Étouffant notre passé et notre avenir
Et du présent
Ne resta qu’un instant d’attente,
Dans une froideur inquiétante,
De la prochaine goutte qui suit…
La précédente.
De souffrance ou de délivrance ?
Cela, peu importe !
J’étais là quant le soleil a boudé
Les cœurs des Hommes
Ses rayons ricochaient inlassablement
Sur les nuages difformes
Et sur l’épaisse aura
De la peur et de la haine
Au dessus de nos âmes lourdes.
Et la voie lactée
Un labyrinthe, était devenue,
Une barrière infranchissable
Où nos prières butaient,
Puis s’effilochaient, déçues, Dans l’inconnu.

Amina :
Ces monstres, ont- ils un cœur, ont-ils une âme ?
Ou sont- ils de véritables robots infâmes
Dirigés par des diables évadés de l’enfer
Venus prendre et envahir notre univers ?
Cruelle réalité qu’on vit et qu’on déplore
Et qu’on nous prie d’oublier, sachant qu’ils ont tort
Cet oubli ne serait – il pas une offense
Pour tous ces morts, victimes de la violence ?

Charef :
Savez-vous qu’habile mécanicien
On m’a amputé des deux mains ?
Savez-vous que la plupart des blessés
Sont des enfants déshérités
Qui pour survivre vendent des sachets ?
Savez-vous que promise à fonder un foyer
J’ai le cœur brisé et le visage calciné ?

Rachid :
J’étais là quant la bravoure a pris la fuite
En effaçant ses traces
En s’accrochant à la dernière âme intrépide
Fauchée par un sort
Qui se pavanait orgueilleux
Parmi les êtres lâchement soucieux
De leur luxe et cloîtrés chez eux
Se bouchent l’ouïe
Et se crèvent les yeux
Aux cris de la nuit
D’un voisin ou d’un ami
Traîné vers l’autel par des fous de Dieu

Amina :
Quel dommage ! Que ta bêtise, Ô ! Homme vil,
Mette ton peuple et ta terre en péril
Cette mère nourricière qui mérite ton respect
Pour laquelle de Grands Hommes ont tout sacrifié
Quel dommage ! Que tu deviennes muet
Et communiques avec le feu et l’épée
Et que tu fasses du Mal, ta seule idéologie
Et prennes en otage la liberté d’autrui.

Charef :
Savez-vous que le tissu que j’ai acheté
Pour les fiançailles de cet été
A servi de linceul
Pour ma dépouille mortelle?
Savez vous que lorsque mon bourreau
A tiré la lame de son fourreau
Sa main maculée de sang a tremblé
Troublé par mon sourire de bébé?

Rachid :
Oui j’étais là…
Et je le suis toujours
Et aujourd’hui, j’interpelle,
Agenouillé devant la stèle
Du tombeau de ma vie qui fuit,
Dieu, parce qu’il n’y a que lui,
De me frapper d’amnésie,
De m’offrir une deuxième chance
Et jouir d’une nouvelle naissance
Pour que les rires remplacent les cris,
Pour que l’amour soit
Un honneur et une joie,
Pour que la Justice et le Droit
Entre les Hommes régissent en Loi
Et que l’étoile, le croissant et la croix,
Et toute croyance,
Toute foi,
soit une raison pour s’aimer
et non un prétexte pour
qu’on guerroie !

Publié par charef

D’un port qui se fond dans le paysage, BERKANI Charef accentue volontairement son apparence anodine pour mieux être fidèle à ses convictions. Il sera éternellement au service des autres, créatif d’idées et leader de groupe sans en avoir l’apparence et encore moins la faconde. Ses paroles empreintes d’un léger cheveu sur la langue imposaient un sérieux de bon aloi. De plus, des yeux scrutateurs et une bouche naturellement en sourire, ramènent à plus d’attention pour cet homme qui a marqué ses amis et ceux qui ne le sont pas. Tous lui reconnaissent, parfois à demi-mot, une intelligence acérée et un sens rare du consensuel.

6 commentaires sur « L’ hymne à la liberté »

    1. Ton appel à la tolérance m’a beaucoup touché Gys. J’ai subi cette barbarie que j’ai combatu et que je continue à combattre.

  1. Charef, que cet écrit est lourd de sens, presque insoutenable. Lorsque Amina, Rachid, et toi vous vous exprimer sur votre page j’imagine combien devait être grande votre souffrance intérieur.
    Je faits un vœux pour que Rachid puisse un jour voir ces écris ce réaliser.
    Pour que la Justice et le Droit
    Entre les Hommes régissent en Loi
    Et que l’étoile, le croissant et la croix,
    Et toute croyance,
    Toute foi,
    soit une raison pour s’aimer
    et non un prétexte pour
    qu’on guerroie !
    Amitié: Roberte

  2. Oui nous avons subi la décennie noire algérienne de l’intérieur. Des cris dans le désert à l’époque mais qui se sont avérés prémonitoire par rapport à la situation actuelle.
    Charef

  3. Charef j’avais besoin de calme pour me pencher sur tes réponses à mes commentaires.
    Je me doute bien que ce qui fut prémonitoire est devenu votre pire cauchemar. En France nous sommes bien informé sur ce qui ce passe chez vous.
    Garde espoir en des jours plus ensoleillés. Je te souhaite une belle soirée. Amitiés. Roberte

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